On rencontre Jean, qui nous marque par sa bienveillance et son écoute des évolutions de la société. Il semble important pour lui, dans son travail comme dans son bénévolat, de transmettre en s’adaptant toujours aux différentes réalités de son époque et ainsi répondre au mieux aux besoins.

Veux-tu nous parler de toi?

Je viens du même village que Johanne, en banlieue de Québec. Je suis arrivé à Montréal après mes études, dans les années 80. Je suis architecte en conservation du patrimoine depuis presque 33 ans. Je m’intéresse aux notions de continuité et de transmission dans la culture montréalaise. On reçoit ce qui vient du passé, puis on le transforme, en s’adaptant aux nouvelles réalités, et on le lègue à notre tour aux générations futures.

Jean, quelle est ton implication chez Interligne?

Je suis bénévole à la ligne d’écoute depuis cinq ans et demi. La ligne est une forme de solidarité et de compréhension dans laquelle je trouve un retour. Je reçois autant que je donne. J’ai l’impression de redonner à la société ce que j’ai acquis par mon parcours, de contribuer au bien-être des personnes qui appellent, et en même temps j’apprends beaucoup. Ça m’amène de nouvelles façons de penser. Je me réajuste continuellement.

Que remarques-tu à propos de la demande d’aide que tu reçois?

Bien qu’on touche une plus grande variété de personnes depuis le changement de Gai Écoute à Interligne, une constante demeure dans les appels. Il est toujours question du regard des autres et du sentiment d’être différent. Que tu sois une personne trans, gaie, non-binaire ou encore racisée, la souffrance se ressemble et porte sur le même besoin d’inclusion, un besoin humain en somme. 

À force d’avoir des appels d’un peu partout dans le monde, j’ai aussi réalisé qu’on offre un service unique. Les personnes appellent de France, des États-Unis ou encore du Moyen-Orient parce qu’elles ne trouvent pas d’équivalent dans leur pays. C’est assez extraordinaire que, dans ce petit bureau, il se passe quelque chose qui n’existe nulle part ailleurs ou presque! 

Une anecdote à nous partager?

Il y a un témoignage que j’ai trouvé touchant, celui d’un jeune qui s’identifiait comme garçon et qui voulait se maquiller. Comme son père ne voulait pas, il se questionnait : « Pourquoi mes sœurs ont le droit de porter du maquillage et pas moi? J’ai quand même 11 ans, bientôt 12! Mon père veut que j’attende d’avoir 18 ans avant de faire ces choses-là, mais moi je veux pas, JE VEUX VIVRE MA VIE! » J’ai trouvé ça tellement adorable! J’aurais voulu le prendre dans mes bras.