ESPACE JEUNESSE AVEC FLO
Lancé en 2018, l’Espace jeunesse d’Interligne est l’un de nos programmes les plus engagés en dialogue direct avec les communautés LGBTQ+ — en particulier la communauté en pleine phase de construction identitaire. Dirigé par Flo depuis 2023, l’Espace jeunesse offre de l’intervention et du soutien aux jeunes personnes queer, souvent remplies de questions, mais ne sachant pas toujours vers qui se tourner. À travers des kiosques, des formations et des ateliers, Interligne vise à offrir un éventail de ressources aux jeunes en train de vivre un parcours LGBTQ dans un climat social de plus en plus hostile.
Je me suis assis.e avec Flo pour discuter davantage de son cheminement et de ses expériences en tant que responsable de ce programme. Ayant en poche un bac en Action culturelle de l’UQAM, Flo a un intérêt particulier pour l’art et l’organisation communautaire, ainsi que pour la création d’événements et de projets sociaux.
Comment décrirais-tu ton rôle actuel chez Interligne?
« Sensibiliser et informer les jeunes sur les réalités LGBTQ+ », résume Flo. Ce dernier visite des écoles pour tenir des kiosques et offrir des formations, apprenant aux jeunes les termes et le langage de base, les dynamiques discriminatoires et les démarches pour mettre en place des comités LGBTQ+ en milieu scolaire.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de travailler dans un organisme communautaire LGBTQ+?
« J’ai grandi dans la ville de Québec, un endroit qui peut manquer d’inclusivité, et j’aurais voulu qu’il y ait des kiosques LGBTQ+ dans mon école quand j’étais jeune, explique-t-il. C’est vraiment pour donner à mini Flo. Et aussi pour redonner à la communauté LGBTQ+. Je sens que mon travail est concret et fait vraiment avancer la vie des personnes queer. »
Peux-tu expliquer ce qu’est le guide AGIS?
Grâce au guide AGIS (Alliance Genres, Identités et Sexualités), l’Espace jeunesse fournit des outils aux écoles qui veulent mettre en place des comités LGBTQ+. « C’est un “starter pack” qui explique aux élèves et au personnel comment créer une AGIS et pourquoi c’est important d’avoir ces lieux plus sécuritaires, explique Flo. Beaucoup de profs ne savent pas comment démarrer une AGIS, il n’y a évidemment pas de formule magique. »
Selon son expérience, créer une bonne ambiance sociale favorise le succès de ces comités : « Je préfère plutôt faciliter les activités de bonding, vu que les jeunes sont souvent timides de se présenter en réunion. Mais une activité plus ludique et fun peut aussi soulager les profs qui ne savent pas trop par où commencer. »
Quels défis observes-tu sur le terrain?
« Il y a beaucoup d’homophobie et de transphobie dans le milieu scolaire, et beaucoup de parents qui ne savent pas comment gérer ça. Avec la montée de la transphobie, même en 2025, on doit partir de la base. Souvent, il faut que j’éduque la personne ressource et les profs aussi. On commence seulement maintenant à avoir de l’éducation LGBTQ+ adéquate dans les écoles », raconte Flo.
Puisque le travail est aussi personnel, il peut être très épuisant. « C’est mon quotidien aussi. Je fais souvent face à des micro-agressions ou à des commentaires homophobes et transphobes. »
Quels genres de questions reçois-tu le plus dans les kiosques?
Dans une journée typique, Flo peut répondre à toute sorte de questions :
« Les questions des jeunes peuvent parfois être un peu maladroites. On reçoit beaucoup de questions sur les personnes trans, en particulier sur la transition. Les personnes trans dans le sport et dans les salles de bain, ça fait beaucoup jaser. C’est très délicat – souvent, la question est posée dans un sens négatif. »
« On répond à tout, même si la question est maladroite. Moi, je suis là pour recadrer et saisir leur intention, explique Flo. Je vais dire : “Faites attention à vos sources, faites attention à vos questions. Vous pouvez faire du mal à quelqu’un”. Juste le fait d’écouter les élèves sans jugement, de répondre sincèrement et calmement… de prendre le temps de dire : “Mais toi, c’est quoi ton point de vue? Pourquoi tu penses comme ça?” D’habitude, ça vient les confronter, parce que ça provient des préjugés qui ne leur appartiennent pas. »
Qu’as-tu appris depuis le début de ton mandat?
« C’est la première fois que je travaille avec les jeunes. Personnellement, j’ai appris que les jeunes sont des personnes super brillantes, qui ont soif d’apprendre, et que j’ai appris à adorer, explique-t-il. Depuis le temps où j’étais au secondaire, les jeunes sont devenus beaucoup plus solides. Même s’iels se font intimider, iels sont out and proud. »
Depuis qu’il travaille chez Interligne, Flo envisage de devenir enseignant. « J’aimerais un jour travailler dans la vie étudiante ou dans un cégep. Ça me ferait aussi vraiment plaisir de travailler avec des jeunes du primaire. »
De plus, Flo mentionne que le fait d’être entouré de collègues et de personnes militantes l’a aidé à être plus confiant : « Je suis plus à l’aise de m’exprimer devant un public, d’apprendre leur langage, d’improviser, de développer mes compétences d’écoute pour cerner les besoins. »
Y a-t-il eu une expérience marquante dans le cadre de ton travail qui t’a particulièrement touché et que tu aimerais partager?
« Lors de ma première année, on a fait la route jusqu’à Rivière-du-Loup dans un comité LGBTQ+ pour parler aux jeunes, raconte Flo. Vu que les jeunes savaient déjà beaucoup sur le sujet, ça a généré des conversations et leur a permis d’apprendre de nouvelles choses. On a créé un espace vraiment fun et sain. Iels m’ont aussi appris des choses, je me suis même un peu ouvert sur ma transition, relate-t-il. Lors du kiosque dans l’école, les élèves nous ont présenté leurs ami·es. C’était vraiment précieux d’entendre leurs réalités et leurs vécus, car je n’ai pas toujours le temps d’échanger avec elleux. D’habitude, les jeunes ont peur de se faire identifier comme étant queer. »
« On est de passage dans les écoles. Quand je pars, je ne vois pas les impacts, je ne vois pas les élèves évoluer », poursuit Flo. L’année passée, j’ai démarré quatre comités queer. J’ai fait une formation en région et après mon passage, une personne-ressource m’a écrit pour me dire que les jeunes voulaient commencer un comité LGBTQ+ dans l’école. »
Pourquoi penses-tu qu’un programme comme l’Espace jeunesse est important aujourd’hui?
Sur ce point, Flo n’a pas besoin de réfléchir : « Le programme jeunesse est absolument nécessaire au Québec. Tout le monde doit s’éduquer sur les réalités LGBTQ+. Ça devrait être obligatoire qu’Interligne se rende dans les écoles. Il y a trop de jeunes qui ne vont pas bien, souligne-t-il. Augmenter la visibilité des enjeux queer a un grand impact sur les jeunes : iels nous remercient sincèrement après. »
Pour le futur, Flo espère voir les jeunes évoluer davantage vers l’ouverture et l’acceptation de leurs camarades LGBTQ+ : « J’aimerais voir la création de beaucoup plus de comités queer dans les écoles, que les élèves soient moins timides, qu’iels puissent être authentiques. »Mais ce parcours débute dans le quotidien, dans nos actions concrètes et dans nos interactions avec les jeunes en phase d’autodétermination. L’Espace jeunesse d’Interligne est un service essentiel qui mérite toute la protection et le soutien nécessaire pour permettre son évolution continue à long terme.
Merci à Flo pour son dévouement à ce programme et envers les jeunes!
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