Préserver la confiance. Refuser la neutralité. Choisir la marge.
Pour maintenir la confiance des personnes qui comptent sur nous
Nous marcherons à la Wild Pride.
Nous ne défilerons pas à Fierté Montréal.
Et nous tiendrons un kiosque aux Journées communautaires des deux événements.
___
Pourquoi ce choix ?
Depuis 45 ans, Interligne place la justice sociale, la bienveillance, l’inclusion et le pouvoir d’agir au cœur de sa mission. Ces principes guident nos choix, surtout quand les enjeux deviennent complexes ou polarisants.
Cette année, nos valeurs nous mènent là où la marge devient mémoire, et la mémoire, mouvement.
Nous avons fait le choix d’investir notre présence là où nos luttes ont toujours pris racine : dans les limites du système, dans les lieux qu’on n’éclaire pas assez. Nous concentrons notre énergie là où notre action peut rester fidèle à nos principes, pas à notre confort.
⸻
Marcher là où nos luttes sont nées
Marcher à la Wild Pride, c’est affirmer qu’il n’y a pas de fierté sans mémoire, sans courage, sans justice.
Choisir de ne pas défiler à Fierté Montréal, ce n’est pas se retirer. C’est choisir d’incarner nos principes, avec rigueur et transparence.
Notre présence aux Journées communautaires s’inscrit dans une volonté de dialogue, de lien et de continuité. C’est bâtir des ponts, même quand c’est inconfortable.
⸻
Ce que nous remettons en question
Ce n’est pas une « chicane » entre deux marches.
C’est le malaise croissant d’un événement censé représenter nos luttes, mais qui semble s’en éloigner sur des points fondamentaux.
Or, nous devons reconnaître que la Fierté n’est pas un simple exercice de relations publiques.
Elle est née d’actes de courage, de désobéissance, de tensions. Elle s’est forgée dans l’inconfort, face à des institutions trop lentes à reconnaître nos droits.
Nous ne pouvons ignorer les préoccupations exprimées au sein de nos propres équipes, et dans les communautés que nous soutenons.
Et nous ne pouvons garantir aujourd’hui que le défilé de Fierté Montréal sera un espace sécuritaire pour nos membres, notre personnel, nos bénéficiaires et les personnes alliées.
C’est pourquoi nous avons choisi d’honorer notre mission autrement cette année, avec une présence critique, cohérente et lucide.
_____________________________
Une question de confiance
Nous pensons surtout aux personnes les plus marginalisées de nos communautés.
Celles qui comptent sur nos services.
Celles pour qui Interligne est un filet de sécurité, un refuge, un lien vital.
Nos actions, ou nos inactions, leur envoient un message clair.
Et les dommages causés à la confiance de ces communautés seraient bien plus lourds en défilant à Fierté Montréal qu’en refusant de le faire.
Ce n’est pas une question de visibilité.
C’est une question de confiance. Et cette confiance est au cœur même de notre mission d’organisme de première ligne.
_____________________
Le génocide, ce n’est pas une question d’opinion.
C’est un crime défini par le droit international.
À Gaza, un génocide est en cours dans un territoire sous occupation prolongée.
Des institutions internationales – la Cour internationale de justice, la Cour pénale internationale, l’ONU, Human Rights Watch, Amnistie internationale – reconnaissent un risque réel ou avéré de génocide. Des hôpitaux, des écoles, des quartiers entiers ont été détruits. Des enfants meurent de faim. Et le monde regarde.
Le premier ministre du Canada, Mark Carney, a d’ailleurs annoncé son intention de reconnaître officiellement l’État de Palestine en septembre, rejoignant ainsi une position internationale de plus en plus largement partagée.
Nous ne détournerons pas le regard.
Là-bas aussi, des personnes LGBTQ+ vivent la peur, l’exil, la violence.
Ici aussi, des personnes issues de la diaspora ou concernées par les droits humains nous partagent leur douleur.
Notre rôle, c’est d’entendre. Et d’agir en conséquence.
⸻
Ce que signifient nos valeurs, ici et maintenant
- La bienveillance, c’est soutenir les plus vulnérables.
- L’inclusion, c’est reconnaître les rapports de pouvoir.
- Le pouvoir d’agir, c’est créer des espaces où les voix marginalisées peuvent exister pleinement, sans compromis.
- La justice sociale, c’est refuser l’indifférence face à l’anéantissement de populations entières.
⸻
Et nous, Interligne ?
Nous choisissons ce côté de l’histoire.
Du soutien. De la mémoire. Du courage. Des voix oubliées.
Nous défendons les droits humains. Tous les droits. Que ce soit clair.
Et nous condamnons toutes les formes de haine ou d’oppression : homophobie, transphobie, racisme, sexisme, colonialisme, capacitisme, islamophobie, antisémitisme.
Nous refusons les amalgames. Et les silences.
Nous savons que, dans un monde où l’oppression s’intensifie, la neutralité n’est jamais neutre.
_____
Pour qui marchons-nous ?
Pour toutes les communautés LGBTQ+.
Dans leurs luttes spécifiques, complexes, plurielles et intersectionnelles.
Pour les personnes trans dont les droits reculent.
Pour les personnes queer palestiniennes.
Pour les jeunes qui découvrent l’injustice du monde.
Pour celles et ceux qui n’ont pas le luxe du silence.
Pour ne pas oublier d’où on vient.
⸻
C’est une décision pour :
La confiance.
La cohérence.
La mémoire. Le courage.
Pour un monde plus juste, même imparfait.
⸻
Et si cette prise de position vous semble tardive, sachez qu’elle est née de l’écoute, du doute, du débat, de la réflexion collective.
Nous aurions voulu parler plus tôt.
Mais nous préférons une parole tardive et lucide à une posture impulsive et rapide.
Parce qu’en tant qu’organisme de première ligne, nous devons maintenir la confiance des personnes qui ont le plus besoin de nous.



