Du 23 au 29 mai, le Québec souligne la Semaine intergénérationnelle, une période dédiée à la réinvention des liens entre générations en contexte de confinement. Ça tombe bien, puisque depuis octobre 2020, Interligne travaille à créer des ponts entre les générations avec son projet de correspondance intergénérationnelle LGBTQ+ : Trait d’union. Pour marquer cette semaine toute spéciale, Interligne vous donne un accès privilégié à ces lettres manuscrites!
En moins de 7 mois, ce sont plus de 60 personnes, aînées d’une part et tout jeunes de l’autre, qui ont plongé tête première dans l’aventure Trait d’union. Mis en place en pleine deuxième vague de COVID-19 aux côtés d’autres programmes pour personnes aînées, le programme de correspondance manuscrite s’est avéré un excellent moyen de briser la solitude des jeunes et moins jeunes, mais aussi une chance inouïe d’aller à la rencontre de l’autre.
« Je me suis inscrit au programme de correspondance pour en apprendre plus sur une personne qui fait partie de ma communauté. J’aimerais vous indiquer que je suis très reconnaissant d’avoir la chance d’en apprendre sur vous, votre expérience et votre sagesse.»
J. – 20 ans, extrait de correspondance.
Dès les premiers échanges, auxquels Interligne a accès afin d’assurer la sécurité des personnes participantes, on remarque que la rédaction de lettres manuscrites offre un médium inédit pour approfondir son lien à l’autre, mais également à soi. Si l’anonymat et la bienveillance qui caractérisent les échanges donnent effectivement lieu à toute sortes de questions, ils permettent surtout à plusieurs de se raconter dans des mots nouveaux.
« Après avoir vécu toutes sortes d’expériences difficiles, j’ai appris et j’ai désiré m’aimer inconditionnellement comme lesbienne. Je suis heureuse d’être une lesbienne et ça ne dépend pas du rejet potentiel des autres. Si je m’aime comme lesbienne, c’est parce que c’est la plus stricte vérité sur moi-même. Je ne peux être quelqu’un d’autre. »
C. – 67 ans, extrait de correspondance.
D’autres en profitent pour faire le point à cœur ouvert sur leur parcours.
« Aujourd’hui, je suis une personne accomplie. Mon mal-être par rapport à mon genre s’est estompé grâce à ma transition sociale et à l’hormonothérapie. Je suis la même personne que j’étais quand j’étais enfant. Je me sens simplement beaucoup mieux dans ma peau. »
J. – 20 ans, extrait de correspondance.
Une autre beauté que l’on retrouve parmi les correspondances Trait d’union, c’est de voir couché sur papier la mémoire de toute une communauté assoiffée de partage. Si peu de personnes aînées LGBTQ+ ont des petits enfants à qui raconter leurs histoires, les jeunes LGBTQ+, de leur côté, ont rarement des grands-parents qui partagent les mêmes réalités. Trait d’union est un espace où il est permis d’imaginer qu’il en est autrement.
« Je t’ai déjà dit que j’ai 75 ans, donc je suis né en 1945. Ça fait très longtemps et la société a beaucoup changé durant toutes ces années. À l’adolescence, j’étais attiré par les garçons et j’ai eu quelques expériences avant mon mariage. Je n’en ai rien dit à mes parents, ni à mes amis, à personne. Je pensais que j’étais un garçon bizarre qui ne suivait pas le bon chemin. »
D. – 75 ans, extrait de correspondance.
La valeur des échanges va encore plus loin. À lire les lettres, on se rend compte que les jeunes comme les moins jeunes ont constamment envie d’apprendre sur les réalités qui leur sont inconnues! D’un côté, les jeunes découvrent une époque où les droits et libertés des personnes LGBTQ+ étaient beaucoup moins avancés qu’aujourd’hui. De l’autre côté, les personnes aînées apprennent à comprendre de nouvelles identités.
« Tu me dis que tu es trans/non-binaire. Pourrais-tu m’expliquer un peu plus ce qu’est cette réalité? »
D.-75 ans, extrait de correspondance.
Des questions auxquelles les jeunes se font un plaisir et un devoir de bien répondre!
« Je suis une personne pansexuelle. Cela signifie que je suis attiré vers une personne pour son essence, pour son être à priori. Pour moi, les caractéristiques physiques d’une personne, comme son sexe, ne sont pas déterminantes dans mon choix de partenaire. Depuis que je suis enfant, je n’ai jamais vu de grande distinction en matière d’attirance… J’aimais qui j’aimais. »
J. – 20 ans, extrait de correspondance.
Qui aurait pensé qu’autant de bienveillance, de potentiel d’épanouissement et de prises de conscience était possible par le simple fait d’échanger des lettres? En créant des ponts entre les générations, Trait d’union contribue à rendre nos communautés plus fortes et plus résilientes. En cette Semaine québécoise intergénérationnelle, profitez-en aussi pour écrire à quelqu’un d’une autre génération, la beauté des échanges vous surprendra!
Trait d’union – correspondance intergénérationnelle LGBTQ+ est présenté par le
Secrétariat à la jeunesse du Québec.
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